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Mission de congés solidaires
Lorsque je me suis engagée en tant que volontaire pour une mission au Cameroun, j'étais préparée. J'ai reçu une formation par l'ONG Planète Urgence. Le sujet qui m'a le plus marqué pendant cette formation est celui du "DON"
Qu'est-ce qu'un don , quelque chose dont on se débarrasse?, quelque chose qui nous permet de moins culpabiliser?,ou ..ou... cela fait réfléchir et réellement se remettre en cause. On ne donne pas pour dire de donner ou pour avoir la paix. Il peut y avoir des conséquences selon les circonstances... C'est un sujet à part entière qui révèle.
Je savais que j'allais vivre dans la brousse sans eau courante ni  électricité et sous la responsabilité de l'ONG.
Se laver en versant un bol rempli d'eau pris d'un seau après s’être savonné, c'est du vécu quand on était petit mais c'était dans la baignoire. Une bougie pour s'éclairer et tant mieux, on voit moins toutes les bestioles qui rampent.
Un trou en guise de cabinet de toilette, bof et les scouts comment font-ils.
J'ai très bien  vécu cette expérience, j'étais avec deux autres filles deux "Claire", nous avons vécu ensemble 24h/24
C'était une très bonne entente pour la vie quotidienne et le travail.
Notre mission "faire des enquêtes socio-économiquesdans les villages de Sakdjé et Guidgiba villages du parc de la Bénoué. A la rencontre des anciens, puis des hommes, puis des femmes et enfin des jeunes, j'ai partagé des moments inoubliables. 
On a commencé à faire un plan du village en traçant dans la terre une route et chaque villageois positionnait sa case avec des cailloux, on a retranscrit tout ce qui était dans le village sur un plan refait sur ordinateur.
J'y ai vécu le présent, incroyable car à l'époque je courrais partout, je travaillais comme une dingue sans jamais m’arrêter. Et là on vit avec la météo, le temps,  sans jamais stresser malgré un planning établi.
Je peux dire que j'ai appris à déstresser, à voir les choses futiles chez nous en choses essentielles pour eux: l'Eau.
Les échanges  au quotidien selon les règles d'ancienneté et de respect, car tous partagent la même terre. De ce fait ils vivent ensemble quelque soit leur religion et fêtent ensemble la fête de Noël (par exemple). Ils n'ont rien mais il vivent ensemble.
J'ai fait un journal de bord et nous avons élaboré un livret de notre mission avec des propositions de 4 micro projets.
Sur le terrain : témoignage personnel du 28 Juin 2010
"Je me suis surprise à n'avoir à aucun moment et ce, dés l'arrivée, une pensée négative sur le quotidien "toilette et wc". Je me suis adaptée instantanément et je trouvais agréable de me laver au bol d'eau de puits froide et éclairée à la bougie. Le trou pour les WC inhabituel mais bon je m'y suis fait sans aucune difficulté. On voit par là que nous serions à même de nous passer d'un certain confort et revenir à des dimensions moins superficielles.
Je me lavais les dents dehors la nuit tombée sous les étoiles avec de l'eau minérale et ben cela me manque, ça semblait si simple et si naturel.
Le soir assise sur une chaise dehors à regarder les étoiles est une source de satisfaction pour aller se coucher surtout quand on a pu voir une étoile filante, on dort mieux après , je vous assure.

Je me suis rendu compte que les "blacks" avaient des sacrés a-priori sur les "blancs"
Quand j'ai montré des photos de
famille, en repas ou en fête, mes enfants ... on m'a dit : "je croyais que tous les blancs étaient individualistes et qu'ils n'étaient pas famille, ben alors c'est pas vrai"
C'était intéressant de partager et de voir comment chacun se juge sans connaitre.
J'ai donc expliqué que même si on était séparé de sa famille pour différentes raisons, lorsque que l'on se retrouvait en famille , on était une Famille (la distance kilométrique n'est pas la distance du cœur).

Il faut arriver sans apriori, sans jugement et même si c'est parfois difficile, avec 1 ou 2 jours de recul on y arrive. Par exemple j'ai été choquée et touchée quand j'ai appris que les filles de 10 ou 12 ans pouvaient avoir des enfants et que les filles dés 12 ans se "prostituent" ou proposent leur faveur aux hommes du village le soir. Mais après avoir bien discuté avec nos "proches " de là-bas, j'aurais presque pu croire que c'était naturel, car les filles de 12 ans souhaitent se marier pour faire comme les autres et sont d'accord pour aller avec des hommes. (rien à voir avec les "pédophiles ou les touristes sexuels " de chez nous).
Là-bas cela fait partie de leur vie et ils ne se jugent pas la dessus. l'état d'esprit est complètement différent et ça se respecte aussi, mais je ne dis pas que c'est bien , une fille de 12 ans est une fille plutôt femme dans la brousse: c'est un constat.

S'intégrer dans le village et se "Camerouniser" a bien plu.
Nous avions fait faire des tresses africaines par des villageoises, nous avions acheté des pagnes sur le marché du coin et fait faire des tenues par une couturière du village, nous avons demandé à apprendre des chansons de là-bas dans leur dialecte et lors de la restitution de l'enquête au village, nous étions en tenue et à la fin nous leur avons chanté les chansons: tout le monde a bien ri.
J'ai su que pour eux c'est un honneur de s'intéresser à leur façon d'être et les copier les honore.
A mon tour je leur ai appris une recette chti "les crêpes à la bière", les femmes du village sont venues voir comment nous faisions et ont copié la recette, tous ceux qui étaient présents ont goûté et ont aimé ( j'avais pensé aux musulmans et il y avait aussi des crêpes au lait).
Une belle expérience..."

A mon retour...

Que vous a apporté cette mission ?
"La compréhension de la différence entre "Don " et Aide", La différence entre l'indispensable et le besoin, que tout a une importance, donc rien ne se gaspille, que l'on avance pas à pas, au présent sans stresser, que le gâchis est le plus souvent du à l'ignorance, la communication reste le moyen le plus important.
Qu'il y a beaucoup à faire et le faire en collectif donne du poids.
Le parc national, sa beauté, ses animaux, ses arbres, montrent que tout cela doit être préservé, voir les terres vidées de bois des arbres pour le commerce illégal, est un spectacle touchant.
Se rendre compte que l'on peut vivre très simplement et moins encore (sans eau courante ni électricité) en tenant compte du climat, du jour et de la nuit, nous renvoie à la nature.
Les poubelles ou les déchets qui traînent dans le parc gâchent la nature si brute et si belle."
Acquis transposables dans mon quotidien :
Repenser "l'essentiel" et réduire ma consommation d'eau et d'électricité. Vivre calmement en stressant moins, ne pas m'énerver, ne plus "râler" pour des broutilles Et prise de conscience de ma chance, de ma vie, de mon travail.
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